l’acrobate anarchiste
Spirus Gay
Qui connaît, ou a simplement entendu parler de Joseph Jean Auguste Gay (1865-1938), alias Spirus Gay ?
Rares sont ceux qui peuvent répondre à cette question.
Normal. Car c’est l’un de ces innombrables invisibles du mouvement anarchiste qui pullulent dans l’ombre des têtes d’affiche du genre Bakounine, Kropotkine, Malatesta, Durruti, Makhno…
Et pourtant, il est au cœur de l’âme de l’anarchisme social de toujours et d’à toujours.
Mieux, son approche de la vie, du militantisme et de la révolution sociale, est, aujourd’hui, en 2025, d’une modernité et d’une actualité stupéfiantes. Vous avez bien lu. Stupéfiantes.
Tout à la fois acrobate, anarcho-syndicaliste, naturiste, pamphlétaire, athée, anticlérical, libre penseur, franc-maçon, écologiste, pédagogue, éducateur, antiraciste, antisexiste, ami des bêtes et de tout ce qui vit…, il avait compris que la révolte, l’espoir, et une alternative politique, économique et sociale n’avaient de sens qu’en s’envisageant de manière globale, sans fronts de lutte principaux ou secondaires. Et que le dire, pour être crédible, devait marcher, main dans la main, avec le faire. Tout de suite, ici et maintenant.
Ce livre de Sylvain Wagnon nous conte tout cela. Sa vie d’invisible de l’anarchisme d’hier, peut-être parce que préfigurant ce que pourrait et devrait être l’anarchisme d’aujourd’hui.
Comme aiment à le dire nos camarades des Éditions libertaires : « Devant le passé chapeau bas, devant l’avenir, bas la veste » !
Paul Robin La liberté et la mort
Que nous soyons le fruit de l’amour, de l’habitude, d’un oubli, d’un viol…, nous n’avons pas choisi de vivre. Ni, par conséquence, d’être condamné à mort, car vivre aujourd’hui c’est mourir demain.
Donc, quid de ce questionnement à propos de la liberté et de la mort ? En quoi peut-on être libre quand on n’a pas le choix ? Et bé, justement !
De même qu’on n’a pas choisi de vivre mais qu’on peut choisir sa vie, on peut également choisir sa mort.
Ce livre en est la démonstration.
Paul Robin (1837-1912) a choisi de mourir en 1912, après avoir publié « Technique du suicide » en 1901. Il s’est suicidé. C’était son choix. D’autres, avant lui comme après, avaient fait et ont fait le même choix. On pourrait, donc, en rester là. Sauf que… !
Sauf que, avant de choisir le moment de sa mort, Robin s’est battu comme un lion pour que l’on puisse choisir sa vie. Et ça change tout.
Membre de la 1ére Internationale, il fut également l’initiateur de cette formidable expérience d’éducation libertaire que fut Cempuis (1880-1893) dont s’est revendiquée l’école libertaire Bonaventure (1993-2001), et militant du néo-malthusianisme. Pour lui, tout était lié. Une « bonne naissance » (ne pouvant avoir lieu que dans le cadre du droit des femmes à disposer de leur corps, donc, dans le cadre d’une liberté de la contraception et de l’avortement), une « bonne éducation » intégrale, physique, intellectuelle, manuelle, mixte…, et les MOYENS de tout cela, à savoir une révolution sociale de liberté et d’égalité.
Pour lui, choisir sa mort allait de pair avec pouvoir choisir sa vie.
Ce livre, on l’aura aisément compris, n’a rien à voir avec le chipotage actuel sur le droit à mourir dans la dignité dans le cadre d’une société capitaliste qui réduit la vie à la survie. C’est un hymne à la liberté et à… la vie. Une vie libre !
Vivre en anarchie
Emilie Lamotte Vivre en anarchiste
Qui est Emilie Lamotte (1876-1909) ?
Rares sont ceux qui peuvent re?pondre a? cette question. Normal. Car c’est une de ces invisibles qui n’appartient ni a la memoire collective du feminisme, ni a celle de l’anarchisme. Et pourtant, elle est au cœur de l’histoire du feminisme et de l’anarchisme.
A partir de 1905 elle e?crit dans la presse anarchiste. Sur l’education, le ne?o-malthusianisme, l’inconstance en amour, l’art... Elle participe aux activites des groupes libertaires parisiens, multiplie les conferences et causeries et fut l’une des initiatrices de la colonie communiste de Saint-Germain-en-Laye en 1907. Pour elle, la question sociale n’est pas seulement economique et l’ide?al anarchiste doit se construire par l’education, la culture, l’imagination et la creativite.
C’est une vision moderne, car globalisante, d’une revolution sociale resolument tourne?e vers le pre?sent, l’action et le refus des querelles de chapelles. Une vision de l’anarchisme et du feminisme du XXIe siecle. En clair, Emilie Lamotte est de ces invisibles d’hier qui, aujourd’hui, le sera de moins en moins.
Ce livre en fait la demonstration.